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Agur Xiberua par Etxahun Iruri

Etxahun-Iruri.jpgPierre Bordaçarre dit Etxahun Iruri (1908 - 1979)

C'est en 1908 que naquit Pierre Bordaçarre à la maison Etxahunia, dans le petit village de Trois-Villes en HauteSoule. Il vécut toute sa vie dans ce village en perpétuant la tradition de la ferme familiale. Il vivait dans son coin de Soule auquel il dédiera d'innombrables vers

Son épouse et ses deux fils ont été les témoins privilégiés de son parcours de poète, de pastoralier et de musicien. Son fils Allandu nous raconte aujourd'hui qui fut son père.

Etxahun a très tôt manifesté son aisance dans l'art de la versification. Il commença à se faire connaître en tant que bertsulari et auteur de chansons dans les années 30. Puis vint la sombre période de la guerre.

C'est après la guerre, en 1946, qu'il écrivit plusieurs chansons comme Agur Xiberua, Ama, en pensant aux prisonniers de retour dans leur terre natale.

Etxahun ne connaissait pas le solfège et d'ailleurs il s'est toujours refusé à l'apprendre Il ne connaissait pas la musique et pourtant nombreuses de ses mélodies sont d'une haute qualité musicale. Lorsqu'une mélodie jaillissait dans son esprit, elle y était inscrite définitivement, nul besoin pour lui de l'écrire. Il avait sa propre technique pour composer. Etxahun ne s'est certainement jamais assis à un bureau, penché devant une feuille de papier pour créer. C'est en travaillant dans les champs ou en soignant ses bêtes qu'Etxahun composait. Son entourage avait fini par reconnaître les moments où il était en pleine création. La réalité alentour se mettait alors entre parenthèses.

Agur Xiberua fut composée au printemps 1946 alors qu'il était en train de labourer son champ de maïs. Les mélodies qu'il composait étaient souvent par leur rythme à l'image de l'époque où elles étaient crées.

Les textes écrits par Etxahun sont innombrables et leurs thèmes très variés. La centaine de chansons d'Etxahun publiée en 1977 dans un recueil de textes avec partitions ne représente qu'une partie de l'oeuvre créée par le poète.

Comme tout bertsulari, il pouvait écrire à la demande sur des thèmes proposés. Sa première pastorale date de 1953 Il a écrit au total 9 pastorales, chaque pastorale représentant une somme de travail considérable. Il lui arrivait de créer 18 couplets d'un coup tout en travaillant, couplets qu’il allait mettre sur papier d'un jet, sans rature ni correction. Etxahun a été non seulement l'instrument de la renaissance de la pastorale mais il lui a aussi donné un souffle nouveau. Les thèmes utilisés jusque là par la pastorale étaient des sujets bibliques ou historiques lointains. Etxahun a bousculé toutes les données de la pastorale en choisissant des thèmes nouveaux, des thèmes que les Souletins aimeront voir développer, des thèmes tirés directement de leur histoire locale, des personnages en qui ils peuvent presque se reconnaître.

Etxahun lisait beaucoup. Des oeuvres littéraires ont servi de base à ses pastorales. Sa première pastorale "Etxahun koblakaria" (1953) évoque la vie du poète de Barcus Topet-Etxahun. "Matalas" (1955) retrace la révolte d'un prêtre local contre le pouvoir central en 1661. "Berterretx" (1958) traite de la lutte entre deux familles rlvales, lors des querelles entre les Beaumont et les Gramont, et de l'assassinat de Berterretx. "Zantxo azkarra" (1963) raconte des épisodes de la vie du grand roi de Navarre. "Le Comté de Tréville" (1966) était base sur le roman d'Alexandre Dumas. La vie de personnages populaires sera aussi traitée comme celle du célèbre pilotari "Chiquito de Cambo" (1967) et celle de "Iparragirre" (1971, barde populaire du 19è siècle, créateur du "Gernikako Arbola". "Pette Beretter" (1974) conte les aventures d'un capitaine navarrais combattant en Grèce et en Turquie.

Sa dernière pastorale "Ximena" a germé dans son esprit à la Toussaint 78 après la demande insistante de jeunes filles qui souhaitaient monter une pastorale féminine. Il choisit d'écrire une Chimène en basque car il venait de lire le Cid. Il avait entrepris cette lecture pour se reposer de sa précédente pastorale "Iparragirre", qu'il pensait être la dernière. Il écrivit "Ximena", sa dernière pastorale, en un temps record: 20 hours pour créer "l'ossature", 21 jours pour écrire les couplets (27 scènes développées en 1400 vers).

Etxahun était un être d'une intelligence hors du commun et d'une grande modestie. Son aisance naturelle d'écriture et de composition était un don. Il la considérait comme étant naturelle et n'en tirait aucun orgueil. C'était un être simple et chaleureux. Il aimait sa terre de Soule, il aimait la vie.

Etxahun. le poète-paysan, s'est éteint prématurément à l'âge de 71 ans des suites d'une septicémie consécutive à une intervention chirurgicale.

En 1956. Etxahun devint membre de la "Société des droits des auteurs" après avoir trés brillamment passé un examen. On lui demanda d'écrire en français un chant sur un voyage à Venise qu'il avait effectué quelques années auparavant avec le groupe Oldarra. II s'aida, pour la mélodie, d’un harmonica prêté par l'examinateur. Ce dernier fut tellement impressionné par l'aisance dont faisait preuve Etxahun et par la qualité du texte, qu'il lui fit cadeau de l'harmonica.

Quelques années plus tard, en 1962, commença par hasard sa carrière de txülülari. On assistait à ce moment-là à une pénurie de musiciens. On lui demanda de remplacer avec sa txülüla des musiciens indisponibles. C'est ainsi que pendant 10 ans il devint par la force des choses le symbole de la Soule. C’est à cette période qu'il se mit à travailler d'arrache-pied sur sa txülüla et fit en peu de temps d'énormes progrès.

Conscient du danger qui menaçait, il montra son souci de former des musiciens. C'est ainsi que grace a lui, on a vu apparaitre une nouvelle génération de txülülari avec Etchecopar, Bedaxagar et la création d'une classe de txülüla à l'école de musique de Mauleón.

 

Écrit par Euskaltxika Lien permanent | Commentaires (0)

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